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Emile Parisien Quartet — Double Screening
Date de sortie : Jan. 25, 2019
Label : ACT

Emile Parisien Quartet – Double Screening

Emile Parisien soprano & tenor saxophones
Julien Touéry piano
Ivan Gélugne doublebass
Julien Loutelier drums


Recorded and mixed by Philippe Teissier Ducros at Studio Gil Evans de La Maison de la Culture, Amiens (France), December 2017
Mastered by Klaus Scheuermann

 

Double Screening

Dans les rares moments d’attention que lui laissent son smartphone, sa tablette et autre télévision connectée, l’homme moderne un tant soit peu philosophe ne peut manquer de s’interroger : Y a-t-il encore une place pour l’humain sous le déferlement des bits ? Peut-on improviser dans un monde déterminé par les algorithmes ? La poésie a-t-elle toujours droit de cité à l’heure de l’intelligence artificielle ? À ces questions et bien d’autres encore, l’Émile Parisien Quartet répond comme lui seul pouvait le faire : en musique ! Tout au long de ce “Double Screening”, les quatre acolytes explorent en effet, avec un mélange de fantaisie débridée et d’humour pince-sans-rire, les arcanes labyrinthiques de notre univers hyperconnecté, dont les heures et malheurs trouvent dans les compostions leur exacte transposition poétique : simultanéité de propos, spams musicaux, dégradations virales, interactions sociales… Pour autant, on chercherait en vain ici laptop, samples, boîtes à rythmes et autres bidouilles électroniques. Bien au contraire, le groupe a choisi de rester fidèle à l’identité acoustique qu’il défend depuis treize ans déjà, préférant détourner à l’occasion les instruments traditionnels à sa disposition pour élargir la palette des possibles : claquements d’anche de Parisien, piano préparé de Julien Touery, frottements d’archet d’Ivan Gélugne… Côté batterie, une nouvelle recrue, Julien Loutelier, s’est introduit tel un hacker au cœur du système d’exploitation du groupe, en modifiant subtilement les équilibres et la dynamique, instillant souplesse et réactivité à l’ensemble. Naissent ainsi d’étonnantes petites machines sonores, d’autant plus fascinantes qu’elles évoquent notre modernité numérique sans en emprunter les moyens technologiques. Autre paradoxe, et non des moins féconds : c’est en s’inspirant d’un monde fait d’éphémère et d’immédiateté,que les quatre musiciens poussent peut-être le plus loin ce goût de la forme longue qu’ils cultivent depuis leurs débuts, à coup de suites en plusieurs mouvements et d’intermezzi bien sentis. Mais d’ailleurs, le paradoxe n’est-il pas inhérent à cette musique, à la fois sérieuse et légère, sauvage et maîtrisée, lyrique et avant-gardiste ? Pour conclure, il ne vous reste plus qu’à liker, partager, commenter, mais surtout… écouter !

Pascal Rozat